Première publication : 06/14/2023
Dernière mise à jour : 20/08/2024
Chaque cryptomonnaie se caractérise par des règles de fonctionnement, au nombre desquelles figure la règle relative au volume en circulation. Dans le cas du Bitcoin, qui a évidemment initié le principe, Satoshi Nakamoto, fondateur anonyme de cette crypto, a défini un maximum d’unités de bitcoins. Au-delà de ce maximum, il n’y aura alors plus de nouveaux coins générés, et les transactions se dérouleront exclusivement avec les BTC déjà émis et présents sur le marché.
Ce maximum n’est toutefois pas aléatoire. Il se base sur un ensemble de logiques, qui influencent le nombre de bitcoins en circulation à ce jour, de même que le rythme de production de nouveaux BTC.
Lorsqu’il publiait en 2008 le livre blanc expliquant les fondements techniques de la première cryptomonnaie, Satoshi Nakamoto a défini le nombre maximal de bitcoins qui circulerait sur le marché. L’objectif du créateur du Bitcoin était de créer une monnaie numérique capable de constituer une alternative aux devises fiduciaires, tout en conservant les points forts du système monétaire traditionnel.
La rareté constitue l’un des points clés de ce système ; la capacité de l’or à demeurer un actif refuge en tout temps l’illustre à la perfection.
En concevant le programme du Bitcoin, Satoshi N. s’est basé sur ce principe de la valorisation par la rareté. L’algorithme du Bitcoin a donc démarré en prévoyant à environ 21 millions, le nombre maximal de BTC sur le marché.
Pourquoi employons-nous le terme « environ » ? L’émission de nouveaux bitcoins s’appuie sur une série de paramètres. Ceux-ci conduisent à un approvisionnement maximal (maximum supply en anglais) qui est, en réalité, légèrement inférieur à 21 millions (20 999 999, 976 900).
Dans tous les cas, la rareté représente l’un des principaux atouts plaidant en faveur de la fiabilité du Bitcoin. Les investisseurs y voient un actif qui, en plus d’être décentralisé, ne pourra pas faire l’objet de manipulations abusives.
Selon les données du marché, le nombre de BTC en circulation au mois d'août 2024 est d’environ 19 730 000 BTC. La barre des 19 millions de BTC a été franchie en avril 2022 (Statista, 2024).
L’évolution de l’approvisionnement en BTC témoigne d’un ralentissement « naturel » dans la production de nouveaux blocs de transactions. En parallèle, le nombre de bitcoins en circulation (circulating supply en anglais) évolue de plus en plus lentement. Depuis le premier bitcoin mis en circulation en 2008, le programme du Bitcoin a émis les 19 millions de bitcoins en 13 ans environ dont 10,5 millions de BTC ont été émis entre 2009 et 2013.
On constate donc que les bitcoins en circulation augmentent de plus en plus lentement à mesure que le temps passe. Pour le comprendre, revenons ci-dessous sur certains principes de son fonctionnement : halving, fork, etc.
A la différence des monnaies fiduciaires comme l'Euro, le Bitcoin n'est pas contrôlé par un banque centrale ou par un gouvernement. Toutefois, le protocole de Bitcoin n'est pas sans règle.
La démarche suivant laquelle les coins de BTC sont émis, s’oppose radicalement à celle des banques centrales. Ces dernières, en accord avec les gouvernements auxquels elles sont affiliées, contrôlent l’injection de liquidités. En Europe, nous avons la Banque centrale européenne (BCE) ; aux USA, la Réserve fédérale des États-Unis (la Fed) joue ce rôle. Ces institutions ont le pouvoir d'injecter de nouveaux billets et nouvelles pièces de monnaie "fiat" (fiduciaires) dans l'économie. Leurs actions dépendent exclusivement des politiques nationales définies, et les utilisateurs finaux de cette monnaie n’ont pas d'influence directe sur leur émission.
À l’inverse, il n’y a pas d’entité unique qui puisse influencer directement la production des bitcoins. Le réseau sur lequel s’appuie le BTC offre la possibilité de réaliser une opération dénommée minage. Le minage sert à valider et sécuriser les transactions, notamment par vérification du hash (une adresse cryptée), un bloc de transactions. Réalisées par les mineurs, les opérations de minage nécessitent une importante puissance de calcul. Initialement, un ordinateur doté d’un processeur puissant suffisait à miner le BTC. Toutefois, à mesure que de nouveaux blocs étaient produits, le bitcoin mining est devenu de plus en plus complexe. Il requiert désormais une puissance que seule une ferme de minage, sorte de centrale combinant la puissance de calcul de plusieurs processeurs, peut fournir.
L’algorithme fondateur du Bitcoin inclut un mécanisme de récompense des mineurs. Pour la puissance de travail que ces derniers mettent à la disposition du réseau, mais également pour le travail de contrôle de transaction qu’ils effectuent, ils reçoivent automatiquement une récompense en BTC. Les BTC octroyés en guise de récompenses constituent les nouveaux bitcoins mis en circulation, à travers la production d’un nouveau bloc.
Au départ, cette récompense équivalait à environ 50 BTC. En tenant compte de la valeur actuelle du Bitcoin (environ 53 000 € en août 2024), cette récompense équivaudrait à près d’2,65 millions d'euros ! Le cours du Bitcoin n’aurait pas autant évolué si cette récompense était restée figée. Satoshi Nakamoto, dont on ignore toujours s’il s’agit d’une personne seule ou d’un groupe, a tout prévu pour conforter le principe de rareté et optimiser les chances de croissance de la valeur du BTC. Tous les 210 000 blocs environ, la valeur de la récompense est réduite de moitié : dans le jargon des cryptomonnaies, on parle de halving.
Le halving consiste en la division par 2 de la récompense accordée aux mineurs. En tenant compte de la survenance du halving tous les 210 000 blocs, et sachant qu’un bloc est validé toutes les 10 minutes, cet événement se produit tous les 4 ans environ. Ainsi, depuis la création du Bitcoin et la mise en marche du réseau, quatre halving ont déjà eu lieu : en 2012, en 2016 et en 2020 et 2024. À l’heure de la rédaction de cet article, la récompense octroyée au mineur ou au pool de minage validant un nouveau bloc, vaut 3,125 BTC. Elle demeurera à ce niveau jusqu’au prochain halving en 2028.
Les mécanismes de minage, de production de nouveaux blocs de bitcoins et de halving sont ainsi intimement liés. Ils ont une influence directe sur le nombre de bitcoins en circulation. Soulignons toutefois que la gouvernance du réseau reste encadrée par la communauté Bitcoin, comme en témoigne l’introduction de la mise à jour nommée "segwit" en 2015, qui a contribué à renforcer la sécurité des transactions.
Selon les calculs, basés sur les multiples principes évoqués ci-dessus, le dernier bloc devrait être émis en 2140. L’émission de l’ensemble des bitcoins aura ainsi près de 132 ans, et 32 halving se seront produits.
Lorsque le dernier bitcoin aura été émis, le réseau ne cessera pas de fonctionner. Les récompenses des mineurs proviendront alors des BTC déjà en circulation. À ce moment, la récompense perçue pour chaque validation de bloc sera nettement plus faible que celle d’aujourd’hui. Alors que plus d’un million de mineurs se dénombrent déjà, d’ici à l'année 2140, cet effectif pourrait se multiplier par 10, voire plus.
Par ailleurs, la rareté du Bitcoin ira se renforçant d’ici. Sa valeur pourrait s’avérer considérablement élevée lorsque le dernier bloc aura été produit.