Comment l’inflation ronge votre épargne

08/2023
4 min de lecture
Alexandre Stachtchenko

Lors de son pic en Octobre 2022, l’inflation atteignait 11,5% en Union Européenne (UE) selon Eurostat, l’office statistique de l’UE. Derrière ce chiffre se cache une réalité terrible : à ce rythme, tout patrimoine détenu en euro voit sa valeur divisée par deux tous les quatre ans seulement !

Revenue aux alentours de 3% en Mai 2024, l’inflation n’en reste pas moins un mécanisme prédateur sur votre épargne qu’il est important de comprendre, afin de mieux l’anticiper et s’en prémunir.

« Une perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix »

Selon la définition officielle de l’INSEE, Institut National des Statistiques et Etudes Economiques, l’inflation renvoie à une « perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix ». En France, elle est mesurée par l’INSEE, tandis qu’en UE, c’est Eurostat qui produit un chiffre harmonisé pour l’ensemble des Etats-membres.

Son calcul est permis par l’Indice des Prix à la Consommation (IPC). Celui-ci permet de suivre l’évolution du prix d’un panier de biens et services considéré comme reflétant la consommation moyenne d’un ménage : alimentation, habillement, loyers, prix de l'électricité, essence etc. 

Cependant, en mesurant la hausse des prix, on porte la focale sur la conséquence de l’inflation, la hausse des prix, et non ses causes, la perte de pouvoir d’achat de la monnaie, sujet de querelles des économistes depuis des décennies.

L’inflation est « dans une large mesure un phénomène du XXe siècle »

Selon l’économiste Thomas Piketty, l’inflation est « dans une large mesure [un phénomène] du XXe siècle ». Selon ses travaux, en France, en Allemagne, au Royaume-Uni ainsi qu’aux Etats-Unis, l’inflation est restée proche de 0% sur toute la période étudiée, entre 1700 et 1913, date de la création de la Banque Centrale américaine, la Federal Reserve (Fed). Durant cette période, les monnaies tirent leur valeur d’une certaine rareté garantie par des métaux précieux, en particulier l’or, qui servira d’étalon à l’économie mondiale jusqu’à son abandon partiel durant la première guerre mondiale, puis total en 1971.

A partir de cette date, la monnaie devient « fiat », c’est-à-dire qu’elle n’est plus rattachée au monde réel, et est simplement décrétée par les banques centrales. Sa création n’est donc plus limitée par une quantité de métal précieux, qui constituait une sorte de garde-fou indispensable.

Selon les mêmes travaux de Piketty, la France connaît alors une inflation de 13% par an en moyenne entre 1913 et 1950, soit une multiplication des prix par 100 ! Entre 1950 et 2012, le taux moyen oscille entre 2% et 10% par an, avec un pic à 13,7% en 1974.

« L’inflation est partout et toujours un phénomène d’origine monétaire »

Ce lien entre siècle des banques centrales et siècle de l’inflation, le « prix Nobel » d’Économie Milton Friedman l’analyse comme un lien de cause et de conséquence. Selon lui, « l’inflation est partout et toujours un phénomène d’origine monétaire ».

N’étant plus contrainte par l’or, les banques centrales, comme la Banque Centrale Européenne (BCE) ont augmenté massivement la quantité de monnaie disponible dans l’économie. Bien que le but soit d’augmenter la croissance, la conséquence involontaire est que la monnaie voit sa valeur diminuée par une offre surpassant la demande de manière artificielle. C’est ce que l’INSEE appelle dans sa définition la « perte de pouvoir d’achat de la monnaie ».

Ce qu’il est important de comprendre, c’est donc que l’inflation, ce ne sont pas les prix qui augmentent, c’est en réalité la valeur de la monnaie qui diminue ! 

L’inflation : une taxe sur les ménages modestes

En diminuant le pouvoir d'achat de la monnaie, l’inflation ronge l’épargne constituée en monnaie.

Composition de la propriété en France en 2015 selon le percentile de la population - Agrandir l'image
Source : https://www.lemonde.fr/blog/piketty/2021/10/

Or, comme on le voit sur ce graphique issu d’autres travaux de Piketty, ce sont les ménages les plus modestes qui conservent leur épargne en valeur monétaire. Les 25% des français les moins aisés détiennent plus de 90% de leur épargne sous forme de dépôts bancaires ou de liquidités libellées en euros, comme des livrets A, contrairement aux ménages de la classe moyenne qui investissent en immobilier, et les plus aisés en actifs financiers.

Au-delà de l’épargne, l’inflation est aussi un puissant moyen d’amoindrir la valeur d’une dette libellée en monnaie, et donc d’alléger son fardeau, bénéficiant ainsi aux personnes et entités endettées.

Une aubaine pour les plus modestes ? Pas vraiment. Le crédit est surtout octroyé à des entités considérées comme solvables, et donc le plus souvent des riches, ou des États jugés fiables. D’ailleurs, le capital immobilier de la classe moyenne et des plus aisés est généralement constitué à partir de dette bancaire, à laquelle les plus modestes ne peuvent prétendre.

L’inflation est donc une redistribution de la richesse des ménages les plus modestes vers les plus riches : les personnes détenant des biens immobiliers ou des actions peuvent bénéficier de la hausse de leur valeur nominale, tout en voyant leur dette s’alléger automatiquement, au détriment des ménages modestes et des salariés, ne disposant que de revenus fixes.

Bitcoin : une solution contre l'inflation ?

Avec sa quantité maximale fixée à 21 millions, agissant comme un garde-fou, Bitcoin se présente comme un véritable or numérique. Tout comme l'or, il apparaît comme une réserve de valeur potentielle pour de nombreux investisseurs. Indépendant du système monétaire traditionnel, il est insensible aux manipulations des banques centrales. Et bonne nouvelle ! Il est divisible jusqu’au centième de millionième, ce qui le rend accessible à toutes les bourses.

Si vous souhaitez en apprendre plus sur Bitcoin et son rôle pour protéger votre épargne contre l'inflation, découvrez notre article dédié.

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